Nous sommes 51 sur le parking du quai Laubeuf de Cannes, 51 en partance pour l’île Sainte Marguerite.
Sainte Marguerite est une des deux îles de Lérins situées face à la baie de Cannes. Nous étions allés en janvier 2012 sur l’île voisine de Saint Honorat, célèbre pour son monastère et ses productions vinicoles.
Chacun avait apprécié le calme, la douceur et la sérénité des lieux, aussi, c’est dans un esprit identique que nous embarquons sur le Pearl of Riviera. Bateau de 22 mètres pouvant accueillir 195 passagers qui nous transporte en 15 minutes jusqu’au débarcadère de Sainte Marguerite.
Nous quittons le ponton et empruntons un escalier de pierre à notre droite. Chrystelle a prévu un petit parcours sur la moitié de l’île, mais nous en effectuerons le tour complet. Sainte Marguerite mesure 3 kilomètres en longueur pour une largeur moyenne de 900 mètres.
Dès que nous passons la pointe de Batéguier, qui naguère possédait une tour de gué, nous quittons la vue sur la baie de Cannes et le spectacle diffère totalement. Le léger vent nous apporte l’odeur si particulière de la mer et de l’iode, de petites vagues viennent mourir sur le rivage rocheux, la végétation prend les pleins pouvoirs. Seuls les chemins balisés sont ouverts à la promenade.
Une première halte à l’étang de Batéguier, ses eaux saumâtres sont alimentées par une source, mais également par la mer. Ce lieu est une réserve ornithologique et de nombreux panneaux d’informations nous renseignent sur la vie et la diversité de ses habitants ailés.
Quelques centaine de mètres plus loin, la pointe du Dragon, un ancien blockhaus transformé en point de vue ouvre son horizon sur l’île Saint Honorat et sur un four à boulet. Il en existe deux sur l’île.
Ces fours maçonnés ont été construits sous les ordres du général Bonaparte en 1793. Ils étaient constitués d’une cavité (gouttière) horizontale et légèrement inclinée dans laquelle on enfournait une vingtaine de boulets froids en métal à l’extrémité haute. Les boulets s’accumulaient en bas de la cavité à proximité immédiate du foyer placé latéralement et dont les fumées chaudes remontaient à contre-sens des boulets vers la cheminée située au-dessus de la zone d’insertion des boulets. Ils permettaient la défense des côtes contre les navires ennemis qui tentaient d’approcher.
Nous continuons notre ballade jusqu’à un cirque de rocher où nous décidons de nous arrêter pour déjeuner.
Le pique nique est toujours un moment important dans nos sorties. Le pique nique c’est le partage, ce sont les échanges gustatifs, c’est la convivialité, ce sont les souvenirs, c’est la construction des histoires de demain.
Celui-ci ne dérobe pas aux précédents et les boissons sont à la hauteur des diversités culinaires.
Pas le temps de s’octroyer une sieste, nous devons aller visiter le fort.
Le premier dimanche du mois les musées du département sont gratuits. Cette offre ouvre l’art et l’histoire aux habitants des Alpes Maritimes. Ce type d’initiatives devrait s’inscrire dans un schéma national. Certes, ce n’est pas la gratuité qui nous conduit à la visite, nous l’avions prévu, mais l’ouverture culturel à tous les budgets un dimanche par mois permettrait certainement une approche différente pour une nouvelle tranche de population.
Le fort fut bâti par Richelieu, il a été renforcé par les Espagnols puis par Vauban et servit de prison d’état, puis, après la Révolution, de prison militaire. Il accueille désormais le Musée de la Mer présentant des collections d’archéologie sous-marine. On peut également visiter la cellule du Masque de fer, ainsi que celles dans lesquelles furent enfermés six pasteurs protestants français après la révocation de l’édit de Nantes. L’ex-maréchal Bazaine y fut détenu durant huit mois. Il s’en est évadé de manière épique le 10 août 1874. L’évêque de Gand Maurice de Broglie a également été détenu sur l’île durant dix mois en 1812, c’est lui qui y fera planter des eucalyptus. Après la conquête de l’Algérie, plusieurs dirigeants de tribus insoumises sont envoyés sur l’île par les autorités françaises.
Une visite intéressante qui nous transporte dans un univers où la légende se mêle aux faits et nous permet de faire vagabonder notre imaginaire.
Face à la grande question restée toujours sans réponse : « qui était le masque de fer ?» le conservateur du musée présente une liste de noms qui furent avancés. Il est très surprenant de lire des noms d’hommes connus ou supposés et, parmi ces noms masculins une ligne nommant : « une femme ». Pas de nom de famille, pas de prénom, uniquement le mot représentant l’ensemble des êtres humains de sexe féminin.
Manifestement la femme représente ici un véritable danger pour la société de la fin du 17° siècle, c’est tout au moins une interprétation personnelle, qui ne fut pas partagée par mes compagnes de visite !….
Ce passage culturel terminé nous rejoignons l’embarcadère pour un retour à Cannes dans des conditions identiques à l’aller, si ce n’est que le bateau ne pourra accueillir l’ensemble des voyageurs présents sur le ponton. Mais, notre groupe, composé de sportifs avertis et de fins « explorateurs » sera au complet sur le Pearl Of Rivéira.
Une très belle sortie, sans aucune difficulté (dénivelé de 40 mètres) mais qui permet de mieux se connaître et de souder des amitiés.